DJ Dino, transmettre le turntablism

Par Noxway le 14/11/2025

DJ Dino,  transmettre le turntablism

Aujourd’hui, Noxway la parole à DJ Dino : champion multi-titré, producteur, directeur artistique et figure du scratch français. Un parcours riche, une passion intacte, et des conseils précieux pour la nouvelle génération. 

 

Peux-tu nous parler un peu de toi ?

Moi, c’est DJ Dino, je suis du 94. Je suis deux fois champion DMC Algérie, deux fois champion IDA France, et boss du DMC Afrique. Je suis directeur artistique du ZOO Art Show à Paris et je fais pas mal de dates en tant que DJ un peu partout.

J’étais en tournée pendant trois ans avec une troupe de cirque, le groupe acrobatique de Tanger, j’étais leur DJ sur leur spectacle de cirque qui s’appelait FIQ !

Je produis aussi de la musique : j’ai fait un album qui s’appelle Scratch League Project, avec tous les plus grands scratchers du monde, tous les DJ français champions du monde, les pointures du scratch français…

J’ai aussi fait pas mal de productions pour des rappeurs. Et j’ai eu une émission de radio pendant 17 ans sur une fréquence parisienne.

 

Quel a été le déclic qui t’a donné envie de devenir DJ et producteur ?

C’est très simple. C’est la scène de La Haine, où il y a Cut Killer qui met les platines à la fenêtre et qui scratch. Quand j’ai vu cette scène, je me suis dit : « Je veux devenir lui ». J’avais 19 ans. Et maintenant, c’est mon pote… c’est un truc de fou !

La production, c’était la suite logique des choses dans le métier de DJ. D’abord, on joue les sons des autres, et ensuite, on a envie de jouer les siens, de voir si nos morceaux peuvent traverser les époques et laisser une trace. Parce qu’en tant que DJ, on laisse peut-être une trace dans les mémoires, mais pas très longtemps. En tant que producteur, c’est différent : la musique reste. Par exemple, mon album restera toujours ; dans 100, 200 ans, il existera toujours.

Pour moi, c’est surtout pour ça que devenir producteur est une suite logique. On a tous envie de laisser une trace dans la musique, de transmettre quelque chose.

 

Quelle a été ta meilleure expérience sur scène en tant que DJ ?

J’ai fait plein de choses différentes, et à chaque facette de DJ que j’ai explorée, il y a eu des moments forts. Par exemple, quand j’étais à la radio, j’ai rencontré tout le rap français ; j’ai fait des rencontres incroyables.

Ensuite, quand j’étais DJ en carrière solo, l’un des moments forts a été quand j’ai gagné les championnats DMC. Il y a aussi eu une grande expérience qui a découlé de ça : c’était d’aller en finale des championnats du monde à Paris. Parce que la première fois que j’ai vraiment vibré en tant que DJ, c’était en 1998, aux championnats du monde à Paris. J’y étais en tant que spectateur, dans la fosse, et je me disais : « Il faut qu’un jour je fasse ça, que je sois là ». Et en 2024, j’ai réalisé ce rêve… la boucle était bouclée.

 

Quelle chanson ou quel set représente le mieux ton identité musicale ?

Je dirais un truc West Coast, comme un son de Dr. Dre. Je dirais Still D.R.E, parce que cette chanson a une énergie que j’aime bien. Elle est street classe. Moi, j’aime le rap street classe. Je n’aime pas le rap trop graveleux, quand ça accumule les gros mots. J’aime les artistes qui ont du vocabulaire.

 

As-tu des projets en cours dont tu peux nous parler ?

Je suis directeur artistique du ZOO Art Show, donc c’est moi qui m’occupe de la programmation musicale. Le ZOO, c’est le plus grand musée de graffiti au monde. Il est situé à La Défense.

Je travaillais aussi en tant que prof dans une école de DJ à Paris, mais je l’ai quittée pour monter la mienne. J’ai déjà une école à Abidjan et j’en monte actuellement une à Paris. Elle sera au ZOO Art Show, à La Défense. Elle sera ouverte à tous, et l’ouverture est prochaine. Comme le ZOO art show est une exposition de graffiti, ils accueillent des enfants le mercredi. Je vais donc aussi proposer des ateliers d’initiation gratuits pour les enfants. Mon objectif, c’est de faire perdurer l’art des platines. Avec tout le nouveau matériel, les platines vinyles commencent à disparaître, et avec le nouveau matériel, on ne peut pas faire ce qu’on fait avec des platines traditionnelles. Je veux que les enfants sachent que ça existe encore et qu’on peut vraiment s’amuser avec

 

Y a-t-il une boîte de nuit qui t’a particulièrement marqué par son ambiance ou son public ?

LAmnesia au Cap d’Agde, c’est un truc de fou. J’y ai joué il y a un moment, j’étais encore jeune, et l’ambiance m’avait vraiment marqué. Comme je suis un DJ assez technique, les clubs m’ont vite gavé, donc j’ai fait ça surtout en début de carrière, en même temps que mon travail à la radio.

J’ai fait beaucoup de gros clubs sur Paris, comme le Palacio. Ce ne sont pas des ambiances qui me plaisent énormément, parce qu’à l’époque, dans le hip-hop à Paris, il y avait des bandes et des clans, et beaucoup de bagarres dans les boîtes. Ce n’était donc pas génial. Ça ne veut pas dire que ce n’était pas bien, mais c’était tendu.

L’Amnesia, en revanche, c’était une ambiance festive de ouf, et j’avais vraiment aimé.

Mais je ne fais plus trop de clubs actuellement. Par contre, j’y vais encore parfois en tant que client, et je trouve ça cool. Mais généralement, quand je sors en club, c’est surtout pour écouter des potes qui jouent. Je ne vais pas dans un club si je ne sais pas qui est le DJ.

 

Que penses-tu de Noxway, notre site conçu comme un TripAdvisor des boîtes de nuit ?

C’est mortel. Ça va ouvrir plein de possibilités aux gens, leur permettre de découvrir des lieux qu’ils ne connaissent pas. Même moi, à 50 ans, je découvre encore des clubs, que ce soit dans le 64 ou vers Lille, et ce sont des boîtes qui déchirent, mais je les découvre seulement à 40-50 ans, alors que je pensais avoir tout vu et avoir tourné partout.

C’est ce genre de plateforme qui va aider les jeunes à voir ce qui se passe dans leur région, à s’ouvrir à ce qui se passe dans toute la France, et pourquoi pas en Europe ensuite. Parce qu’il y a tellement d’infos sur les réseaux sociaux qu’on peut facilement s’y perdre. Avoir un média exclusivement centré sur ça, c’est vraiment parfait.

Et puis, c’est assez pointu, parce que les clubs sont référencés selon différents paramètres. Donc même si tu veux postuler en tant que DJ, tu peux aussi te renseigner sur Noxway.

 

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes DJ ou producteurs qui veulent se lancer ?

Le premier conseil, c’est de bien travailler et d’être prêt avant de postuler quelque part. Il faut bien connaître le mix, la façon de mixer, les clubs, le style que tu veux jouer, et surtout t’entraîner tous les jours. Parce que ce n’est pas parce qu’on a des bookings qu’on doit arrêter de s’entraîner. Le travail est vraiment la base.

Aujourd’hui, il faut être super fort sur les platines, mais il faut aussi avoir une équipe autour de soi pour gérer les réseaux. Il ne faut pas tout faire soi-même : gérer les réseaux et mixer en même temps, ça te prendrait toute ta vie. Il te faut une équipe compétente qui connaît le domaine, qui a étudié ça. Il faut être professionnel dans tous les domaines : tu dois être professionnel aux platines, et avoir une équipe de professionnels qui s’occupe de tes réseaux et de ton image. Aujourd’hui, il faut absolument se démarquer, avoir une image. Moi, à l’époque, je ne m’y suis pas intéressé, et j’ai eu tort. Mais c’est très important maintenant : c’est ce qui te permet de te démarquer rapidement, et ensuite, par ton travail, les gens verront que tu es bon.

Pour moi, il faut aussi passer au minimum par un cursus de 3-4 mois avec un prof, un DJ confirmé, ou dans une école. Tu n’es pas forcément obligé de faire une formation d’un an, mais au moins 3-4 mois réguliers pour apprendre les structures des morceaux et de tous les styles.

C’est compliqué de tout apprendre en solo, juste en regardant des tutos, parce qu’il n’y a personne pour te corriger. Tu vas forcément faire des erreurs. Le métier de DJ, ce n’est pas si facile que ça : ce n’est pas juste acheter du matériel et suivre 2-3 tutos. Si tu sors de ta chambre et que tu commences à être booké directement, tu vas te faire mal. Tu vas te sentir seul derrière les platines, les gens vont te demander des morceaux, et tu vas paniquer parce que tu ne sauras pas les faire.

Moi, quand quelqu’un vient mixer, j’attends qu’il sache au moins caler des sons correctement, qu’il ne fasse pas d’impair, comme mettre deux voix en même temps ou se tromper dans les transitions. Ce sont des erreurs rédhibitoires. Et si on ne t’apprend pas ça dans un vrai cursus, c’est très compliqué.

 

Chez Noxway, nous accompagnons les DJs qui veulent gagner en visibilité, auprès des professionnels comme des clubbers. Pour faire connaître votre talent, remplissez dès maintenant notre formulaire de contact juste ici !

 

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