DJ As, d'enfant harcelé à DJ renommé
Par Noxway le 07/11/2025
Noxway a le plaisir d’interviewer Adrien Sebert, alias DJ As et coulisse.dj sur les réseaux sociaux, qui a fait de sa passion pour le mix une véritable vocation. DJ professionnel depuis vingt ans, il mêle bonne humeur, humour et authenticité, aussi bien sur scène que sur les réseaux où il rassemble aujourd’hui une large communauté.
Peux-tu nous parler un peu de toi ?
Je m’appelle Adrien Sebert. Je suis DJ professionnel depuis vingt ans officiellement, mais officieusement on peut dire trente. J’ai commencé quand j’avais 12-13 ans. J’ai commencé petit, puis j’ai grandi humainement et normalement je dirais, je n’ai pas grillé les étapes.
J’ai commencé par faire des petites soirées familiales, puis des soirées privées grâce aux copains des copains des copains. Vers 14-15 ans, je me suis rendu compte que ça me plaisait vraiment. Ensuite, j’ai eu la chance d’avoir un copain dont l’oncle était patron d’une discothèque. C’est comme ça que je suis entré dans ce milieu, c’était un vrai coup de chance.
J’ai donc travaillé au Lipstick à Livaie pendant presque quatre ans et demi. Ensuite, j’ai fait l’Arc en Ciel et j’ai aussi fait des apparitions au Tropicana, au Diapason, et dans pas mal de discothèques autour de chez moi. Vers 22-23 ans, j’en ai un peu eu marre du monde des discothèques. J’ai rencontré ma femme, on s’est mariés, et la piqûre m’a repris vers 27-28 ans. Je me suis dis que j’avais envie de remettre ça parce que ça me manquait.
Par contre, je ne voulais plus faire de discothèque, donc je me suis lancé uniquement dans le privé donc pour les mariages, anniversaires, etc. À l’époque, j’ai fait un crédit de 10 000 euros pour investir dans du matériel, parce que je n’avais rien. Je savais que j’avais des compétences et une bonne culture musicale vu que j’avais déjà fait de la discothèque avant, donc je savais que je pouvais le faire, et je me suis dit que ce serait assez facile et rapide. Et effectivement, ça s’est passé comme ça.
Ma première soirée à mon compte était un anniversaire, et ce premier contrat m’en a apporté trois ou quatre autres, et ainsi de suite. Les deux premières années restent toujours assez compliquées quand tu es à ton compte. Au début, j’étais commercial en porte-à-porte, et je l’ai été pendant 10 ans. C’est une excellente école, parce qu’on apprend à parler aux gens et à se vendre. C’est une grande qualité quand tu es DJ, il faut savoir te vendre pour sortir du lot et décrocher des dates.
Au bout de 10 ans, j’avais tellement de dates que j’ai préféré arrêter mon métier de commercial pour ne faire que du DJing. Aujourd’hui, je fais les mariages, les anniversaires, les soirées karaoké, les soirées d’entreprise… en plein temps, et je fais aussi des clubs. On me rappelle dans les clubs grâce aux réseaux sociaux, parce que je me suis lancé dessus il y a 4-5 ans, pendant le COVID.
Cette période a été compliquée, mais je me suis tourné vers les réseaux, ce qui m’a permis de grimper. Je suis quelqu’un de bienveillant et je communique bien sur les réseaux, et ça m’a beaucoup aidé. Et tout ça, c’est aussi grâce aux années de porte-à-porte, où je réussissais à vendre aux gens grâce à ma bonne humeur, ma bonhomie et mon côté un peu déjanté.
Quel a été le déclic qui t’a donné envie de devenir DJ et surtout dans l’événementiel plutôt qu’en club ?
J’avais 12-13 ans et tout a commencé avec Stéphane Chevalier, un DJ de mon époque qui m’a énormément appris. Il faisait les animations de villages (les kermesses, les fêtes d’écoles), et l’association des écoles l’embauchait systématiquement.
Quand tu as des yeux d’enfant et que tu vois cette personne derrière la sono, qui fait danser tout le monde, tu te dis : « Waouh ! ». Dès le début, j’étais passionné, et j’ai eu la chance qu’il me prenne sous son aile. J’étais son stagiaire, le seul qu’il ait eu de toute sa carrière. Il m’a beaucoup appris : les bases, comment parler au micro, comment enchaîner les titres…
Et le déclic a eu lieu un jour quand, pendant une fête d’école, il m’a laissé les manettes. La piste était blindée, et c’est à ce moment-là que je suis vraiment tombé dedans. À l’époque, j’étais très renfermé sur moi-même. J’ai été victime de harcèlement, et je me suis réfugié dans le monde du DJing. Ça m’a apporté beaucoup de bonheur et m’a aidé à m’ouvrir.
Mon premier matériel, je l’ai acheté avec un copain. On tournait à deux, on a fait les fonds de tiroirs pour s’acheter des tables de mixage. On a commencé avec des soirées privées, et ensuite, j’ai connu l’époque des clubs où là, on change clairement de game. L’avantage des clubs, c’est que tu n’as pas la sonorisation à monter : à l’époque, tu arrivais juste avec tes CD.
Quelle est ta plus grande réussite ou ton moment le plus marquant derrière les platines pour un événement ?
Le jour où ma première discothèque m’a passé un coup de fil pour me demander si je voulais mixer le soir même. Je me suis dit : « What the fuck ! ». C’était le Lipstick, et à l’époque, c’était le club de référence par chez nous. Ils faisaient environ 800 entrées par week-end.
J’y allais souvent en tant que client, je voyais le DJ et je me disais : « J’aimerais bien être à sa place ». Quand Bernard m’a appelé, je n’avais jamais fait de club de ma vie, c’était fou ! J’allais être à la place du DJ. Il ne m’avait même jamais écouté, il ne savait pas ce que je faisais, tout s’était fait par bouche à oreille.
Ça a été, je pense, ma plus grosse expérience. Qu’on m’appelle comme ça, et que je me retrouve d’un coup derrière les platines d’un club. Il y avait 500 personnes, j’avais 18 ans, et je n’avais encore jamais mis les mains sur des platines en discothèque.
Après, j’ai envie de dire que toutes les soirées que je fais, je me donne toujours à fond, donc pour moi, toutes les soirées sont magnifiques, parce que c’est ce que j’aime.
Quelle chanson ou quel set représente le mieux ton identité musicale ?
J’ai envie de dire que ce qui me représente le plus aujourd’hui, ce sont sûrement les styles musicaux des années 2000, de ma génération. J’étais vraiment fan de Anthem 2, Anthem 4, Anthem 5 de Floorfilla. J’adorais aussi Sandstorm de Darude et Played-A-Live de Safri Duo.
Si tu devais ne jouer plus qu’un morceau ce serait lequel ?
Floorfilla – Anthem 2. Pourquoi ? Je ne sais pas, mais c’est celle là. Ahah
À l’heure actuelle sur quel type d’évènements te concentres-tu principalement ?
Aujourd’hui, je me concentre vraiment sur les mariages, c’est ce qui m’intéresse le plus. C’est un peu ma poule aux œufs d’or. Mais j’enchaîne aussi avec des anniversaires et des soirées privées, et en ce moment je refais un peu de clubs ; ça me permet de me rappeler ma jeunesse. Malgré tout, je reste très mariages et soirées privées.
De mi-février à novembre, il y a toujours des mariages, ce qui me permet de bien remplir mon emploi du temps. Je me limite même parfois. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir choisir mes clients. J’ai tellement de demandes que je peux me le permettre, et c’est un véritable avantage.
Avec le temps, j’ai remarqué que plus j’évolue, plus les clients sont respectueux. Aujourd’hui, je travaille dans le haut de gamme, et je trouve que ces clients-là respectent vraiment le métier. C’est aussi une question de ciblage.
Qu’est-ce qui t’a amené à te lancer sur les réseaux et qu’est ce que cela t’apportes actuellement ?
Ce qui m’a poussé à me lancer, c’est le COVID. J’étais déjà un petit peu présent sur les réseaux avant, mais sans plus. Du jour au lendemain, tout s’est arrêté. Le COVID a explosé, et en quinze jours, j’ai eu 55 annulations. On a perdu près de 75 000 euros en un mois, et il n’y a eu aucune aide de l’État. L’événementiel a été complètement oublié, mis de côté.
Pendant deux ans, on a perdu énormément d’argent, et forcément, j’avais une rancune, une rage en moi. Il fallait que j’en parle, et la meilleure façon de le faire, c’était à travers les réseaux. Je me suis dit : « Je suis quelqu’un avec de la bonhomie, je sais parler au micro… alors pourquoi pas me lancer ? ». C’est comme ça que j’ai créé mon compte coulisse.dj. J’ai commencé à faire des petits sketchs humoristiques, un peu piquants mais toujours pédagogiques, et ça a pris ! Il y a eu des millions de vues, donc j’ai continué. Ensuite, j’ai commencé à faire des vlogs, toujours avec ce ton piquant et ironique. J’ai aussi commencé à donner des conseils, à répondre aux questions. Je me suis adapté aux nouveautés et aux demandes de ma communauté. Aujourd’hui, on est presque 350 000 abonnés, et en termes de vues, on dépasse les 200 millions en cinq ans.
Pour répondre à ce que ça m’a apporté : d’abord, énormément de notoriété. Beaucoup de marques me contactent, j’ai fait plein de collaborations, des plateaux TV, des plateaux radio… C’est une expérience incroyable.
Et surtout, grâce aux réseaux, j’ai décidé de défendre le métier de DJ, un métier souvent confronté aux fameuses demandes de “DJ pas cher”. Mon but, c’est d’aider les jeunes qui commencent, leur donner les bons conseils, leur apprendre à se vendre, leur dire ce qu’il ne faut faire et ce qu’il ne faut pas faire en partant de mon expérience.
Comment t’organises-tu entre les réseaux et ton métier de DJ ?
C’est un gros emploi du temps. Les gens s’imaginent souvent qu’on ne fait pas grand-chose la semaine et qu’on bosse surtout le week-end. Déjà, c’est faux, parce qu’on a régulièrement des prestations en semaine. Et puis les prestations, ça se prépare : je prépare mes sets, j’ai des rendez-vous clients, des devis à faire…
Et puis, il y a les réseaux. Il faut être actif, publier régulièrement. Idéalement, deux publications par jour : une sur TikTok, une sur Facebook ou Instagram, pour montrer à l’algorithme que tu es présent. Tous les jours, je publie quelque chose de nouveau. Ça fait cinq ans que je le fais, et je trouve toujours l’inspiration. Je note toutes mes idées, parfois même la nuit quand une idée me réveille. Mon cerveau est toujours en ébullition, j’ai envie de partager tellement de choses.
Et je gère tout de A à Z : j’ai les idées, je réfléchis à comment les tourner, j’écris mon script, je cherche les acteurs (souvent moi et ma femme), je tourne et je fais le montage.
Que penses-tu de Noxway, notre site conçu comme un TripAdvisor des boîtes de nuit ?
C’est hyper novateur, c’est un super concept, je kiff !
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes DJ qui veulent se lancer ?
Un des meilleurs conseils qu’on puisse donner, c’est de rester humble. Il ne faut pas se la raconter. Notre métier, c’est de faire danser les gens.
Donc si j’avais un conseil à donner, ce serait d’avoir de l’humilité, d’avoir une énorme culture musicale ; et ça, ça se travaille. Il faut beaucoup bosser et bien savoir se vendre. On est avant tout des commerçants, tu peux être le meilleur DJ du monde, mais si tu ne sais pas te vendre et communiquer, personne ne saura qui tu es.
La communication est donc primordiale. Ensuite, la culture musicale, parce qu’il faut faire danser les gens. Et pour cela, il faut passer la musique que les gens veulent, pas forcément celle que toi tu aimes. Il faut savoir lire sa piste, s’imprégner de l’ambiance. La base du métier, c’est de faire danser et pour ça, il faut écouter les gens. Il faut comprendre, écouter et toujours se remettre en question. Même quand une soirée fonctionne, il faut se demander : qu’est-ce qui a marché ? Et qu’est-ce qui n’a pas marché ?
Moi, je n’utilise pas de playlist préparée à l’avance. J’ai une trame de base qui me permet d’enlever un peu de stress, mais après, j’adapte tout en fonction du public, des tendances du moment, des titres demandés…
Chez Noxway, nous accompagnons les DJs qui veulent gagner en visibilité, auprès des professionnels comme des clubbers. Pour faire connaître votre talent, remplissez dès maintenant notre formulaire de contact juste ici!
As-tu des projets en cours dont tu peux nous parler ?
Oui, j’ai beaucoup de projets qui arrivent. En ce moment, il y a le titre Hysteria, que j’ai sorti avec DJ Robbie, il y a environ deux mois et demi. C’est en train de cartonner : on est à 3,2 ou 3,3 millions d’écoutes. On est même entrés dans le Top Yacast, le Top 40, c’est juste incroyable.
Là, j’ai un nouveau titre qui va arriver, je ne dirai rien de plus pour l’instant, mais je collabore avec un mec vraiment talentueux, et c’est vraiment cool.
Pour la suite, même si je n’aime pas trop faire des plans sur la comète, j’aimerais continuer à créer, à faire des vidéos, à publier régulièrement, à défendre le métier… et si on peut aller encore plus loin, eh bien on ira !
Qui est le prochain DJ que tu souhaites qu’on interview ?
Alex Da Kosta !
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