Dj Florum, du camping aux Zéniths
Par Noxway le 24/11/2025
Peux-tu nous parler un peu de toi ?
J’ai 37 ans, je suis originaire de Tulle en Corrèze et je fais du DJing depuis mes 11 ans. J’ai commencé avec une petite sono, en animant des mariages, des anniversaires et des repas de famille, et c’est mon père qui me conduisait à mes premières prestations. J’ai appris à mixer seul, dans ma chambre, en écoutant les DJ à la radio. À l’époque, il y avait Max sur Fun Radio, Morgan sur NRJ, DJ Flex... Je voulais faire comme eux parce que je trouvais ça incroyable, alors je passais mes journées à m’entraîner.
En 2005, je me suis lancé sur Skyblog. Je postais mes premiers remix et bootlegs, et j’ai été remarqué par Dario, un ancien animateur de Fun Radio. Je l’ai rencontré lorsqu’il est venu faire un DJ set dans une boîte de ma ville natale. J’ai pu aller le voir en loge, je lui ai filé une maquette démo qu’il a adorée, et ça a été diffusé sur Fun Radio pendant plusieurs semaines. C’était très cool.
Puis en 2007, un gars me contacte sur Skyblog. Il m’explique qu’il produit un jeune artiste qui fait du ragga, il me demande ce que j’en pense. Ça me plaisait beaucoup. Il me propose de créer une conversation à trois sur MSN. Ce gars-là, c’était Keen’V. Il n’était pas encore très connu à ce moment-là, il était surtout connu à Rouen, sa ville natale. Il avait fait une version de À l’horizontale, mais qui n’était pas celle qu’on connaît maintenant. Il était un peu en place, mais il a vraiment explosé en 2011 avec "J'aimerais Trop". Il était surtout connu dans le milieu des boîtes de nuit, il ne faisait que des showcases, mais il blindait les clubs.
On s’est rencontré lors d’une soirée à Bordeaux, et pendant 5 à 6 ans, j’ai réalisé ses remix clubs, c’était des remix courts d’une trentaine de secondes à une minute, avant de lancer la chanson originale. Ensuite, j’ai fait sa première partie au Bataclan en 2013, puis tous ses Zéniths à partir de 2014.
J’ai aussi mixé à la Star Academy sur TF1 en 2009, le soir où il y avait Rihanna, dans l’émission de TV réalité Dilemme sur W9. Et je fais des dates en club depuis 2008.
Quel a été le déclic qui t’a donné envie de devenir DJ ?
Quand j’étais jeune, vers 9-10 ans, ma passion, c’était les voitures et le tuning. Tous les étés, je partais en camping avec mon père près d’Arcachon. Un soir mon père me dit qu’il y a le bal du camping et me propose d’aller y faire un tour. Je me suis retrouvé devant un DJ avec sa petite sono, sa machine à fumée, animant au micro et faisant danser tout le monde. Je me suis tourné vers mon père et j’ai dit : « Je veux faire ça plus tard. »
Au début, mon père était réticent, mais je lui ai dit que je voulais vraiment faire ça, je trouvais ça incroyable d’être à son compte, faire danser les gens, alors il m’a proposé de commencer à animer les weekends. J’avais 10 ans. Pour me payer ma première table de mixage, je lavais les voitures de ma tante, de mon père et de mes grands-parents. Rapidement, j’ai acheté ma première table de mixage, puis mes platines. Donc, tout a commencé grâce à ce DJ en camping qui m’a donné envie de faire ce métier.
Quelle a été ta meilleure expérience sur scène en tant que DJ ?
Déjà, les premières parties de Keen’V dans les Zéniths, c’était incroyable. J’ai fait ça pendant 8 ans, et ce n’est pas seulement l’ambiance sur scène : il y a aussi tout ce qui se passe avant et après. Être en tour bus, en loge, visiter toutes les salles de concerts de France... c’est génial. C’est ce que vit actuellement DJ Bens avec Gims : ce qu’ils vivent, je l’ai vécu, et c’est vraiment waouh.
Sinon, en discothèque, il n’y a pas vraiment de boîte qui m’ait marqué plus qu’une autre. Je peux autant prendre mon pied à l’Amnesia que dans un club de campagne. Je n’arrive pas à faire la différence. Oui, ça fait bien pour l’image sur les réseaux de faire un DJ set dans un gros club, mais moi je n’arrive pas a me dire que c’est mieux qu’une boite de campagne. Ce qui compte, c’est que les gens dansent. La seule boîte qui m’a vraiment marqué et qui m’a mis une claque, c’est l’Amnesia, mais je n’y ai pas mixé, j’y étais en tant que client.
Quelle chanson ou quel set représente le mieux ton identité musicale ?
C’est un très gros problème parce que j’aime tout. Même professionnellement, je n’ai pas d’identité musicale fixe. Je fais des soirées années 2000, des ferias, des soirées house à l’ancienne, des soirées actuelles shatta ou urbain. Donc la question est très compliquée.
Je dirais que si je suis chez moi dans mon studio, je vais kiffer mixer de la house ou de l’électro. Mais quand je suis en club, j’ai tendance à aller vers le shatta, le dance soul ou l’urbain.
J’ai été résident pendant deux ans à la salle Tropical, dans un club en Corrèze appelé La Grange. C’était un énorme kiff, parce qu’il fallait jouer pointu : je passais beaucoup de ragga et de dance soul.
Si tu devais ne jouer plus qu’un morceau ce serait lequel ?
Michael Grey, The Weekend. Ce serait mon titre favori en tant que DJ en set.
As-tu des projets en cours dont tu peux nous parler ?
En ce moment, je réfléchis à me lancer sur TikTok pour faire des lives mix spécial vinyles. Je sais qu’il n’y aura sûrement pas énormément de monde qui va me suivre, mais j’en ai vraiment envie. Je suis donc en train de mettre quelque chose en place pour pouvoir mixer en live le soir, de 21h à minuit.
J’ai aussi sorti un titre il y a un an et demi, Drop It, qui, pour être honnête, n’a pas du tout marché. Je l’ai très mal vécu parce que j’étais sûr de moi, j’y croyais vraiment. Je pensais que ça allait buzzer. Je n’ai pas voulu prendre de maison de disque ni de label, je voulais tout faire moi-même, et ça a été une grosse erreur. Le morceau a fait peu de stream, quasiment aucun collègue ne m’a donné de force, ça a flop.
En plus, ça m’a coûté de l’argent : je ne suis pas musicien, donc je l’ai fait avec un pote musicien que j’ai payé, plus le mastering, le mix, la promo club... Au final, ça m’a rapporté beaucoup moins que ce que j’ai dépensé. Pourtant, en club, le morceau fonctionnait vraiment bien, mais ça n’a pas pris. Avec le recul, je pense que c’est un problème de communication dans le sens où je n’ai pas voulu prendre de label et aujourd’hui, c’est très difficile de faire émerger un titre sans ça.
Maintenant, j’aimerais prendre ma revanche. Refaire un titre, ressortir Drop It dans une version remix avec un label, et dans l’année qui vient sortir un ou deux morceaux, tout en relançant les remix que j’avais un peu mis de côté.
Que penses-tu de Noxway, notre site conçu comme un TripAdvisor des boîtes de nuit ?
C’est une excellente idée. À l’époque, il existait un site du même genre, je ne me souviens plus du nom, et c’était vraiment génial. Donc je trouve que c’est une très bonne idée, surtout parce que les boîtes de nuit vont mal. Les festivals leur font du mal, le Covid a fait du mal aussi, parce que les gens ont réalisé qu’ils pouvaient s’amuser sans forcément sortir en club. En plus, les boîtes sont très taxées.
Après, il y a des pour et des contre à faire la fête en clubs. Les fêtes à la maison, c’est sympa, mais il y a les voisins, donc le risque de tapage. Dans la rue, il y a parfois de l’insécurité. Alors qu’en boîte de nuit, il y a quand même une équipe de sécurité, donc les clients se sentent plus en sécurité. Après, il y a la question de l’argent : une bouteille en boîte, c’est 110 euros, alors qu’en grande surface, c’est 15 euros pour la même. Et puis la fréquentation et la mentalité en club ne sont pas toujours top. Tout ce qui se passe dans le pays se répercute dans l’ambiance des boîtes, et l’alcool amplifie encore les choses.
Il y a des pour et des contre à aller en boîte de nuit, mais j’espère vraiment que les clubs vont aller mieux. Et je pense que Noxway est une excellente idée : ça peut être un vrai coup de pouce pour les clubs. Et quand tu voyages ou que tu es en vacances quelque part, ça peut vraiment t’aider à trouver une boîte.
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes DJ ou producteurs qui veulent se lancer ?
Le faire par passion, pas pour la fame. Certains voient des vidéos de DJ Snake ou David Guetta et s’imaginent qu’ils vont vivre la même chose, mais ce n’est pas ça la vraie vie. La vraie vie, c’est mixer dans des salles des fêtes avec 40 personnes qui n’en ont rien à faire de toi et qui vont te demander la chenille toute la soirée.
Il y a des flops aussi, donc il faut vraiment le faire par passion. C’est le meilleur conseil que je peux donner. Il faut aimer la musique, la connaître, avoir une vraie culture. Le reste suivra automatiquement.
Aujourd’hui, quelle est l’importance des réseaux sociaux pour les Djs, selon toi ?
Je pense que c’est primordial aujourd’hui. Si tu n’es pas sur les réseaux, tu es mort. Il faut être très actif pour donner envie à ton public de venir te voir. Et c’est un énorme avantage par rapport aux années 2000 : à l’époque, un DJ perçait grâce au bouche-à-oreille, de dizaines de personnes en dizaines de personnes, et c’était très lent.
Avec les réseaux sociaux, tu fais une vidéo qui perce, tu prends un gros nombre d’abonnés, et la puissance est colossale. Les réseaux sont vraiment essentiels. Ça ne suffit plus d’être bon derrière les platines : il faut aussi utiliser les réseaux. Si tu as du talent et les réseaux sociaux, c’est cadeau. Et surtout... il ne faut pas être feignant.
Qui est le prochain DJ que tu souhaites qu’on interview ?
Tu pourrais interviewer une meuf, Maddy jay !
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